Mon mari dort dans le congélateur

Mon mari dort dans le congélateur est un diptyque écrit par Misaki YAZUKI et illustré par Hyaku TAKARA. Cela fait un moment que la série végète dans ma PAL car, malgré ma hâte de découvrir l’intrigue, j’avais peur d’être déçue. En effet, je plaçais beaucoup d’attentes dans ce polar psychologique…
Finalement, j’ai bien fait de sauter le pas ! Ce titre déstabilisant m’a convaincu et trotte encore dans ma tête malgré la dernière page tournée. Il a laissé des traces dans mon subconscient.

Monsieur Livres & ratures ayant également voulu lire ce manga tiré d’une nouvelle de l’auteure, l’article ci-dessous est un avis à deux voix. Cela fait longtemps !

Résumé : Un soir, Nana, victime des violences de son mari commet l’irréparable et cache le corps dans le congélateur de la remise. La voici libérée de toute emprise. Elle savoure son geste et se projette dans une nouvelle vie. Mais les angoisses la rattrapent dès le lendemain quand Ryô réapparait comme une fleur. Après vérification, le cadavre est pourtant toujours bien en place. Comment est-ce possible ? A-t-elle tué la bonne personne ? Sombre-t-elle dans la folie ?

Avis : L’auteure joue avec le lecteur comme elle le fait avec son personnage central, semant de plus en plus de doutes et de questionnements dans leur esprit au fur et à mesure que l’intrigue se révèle. L’efficacité d’un tel mystère est présent puisque le liseur, avide de connaître le fin mot de l’histoire, ne peut s’arrêter de tourner les pages et, une fois le premier tome dévoré, d’enchaîner sur le second et dernier volume.
La trame est rondement menée. Si certaines suppositions germent dans l’esprit du lectorat, ce dernier ne peut imaginer jusqu’où se profile la perversion des protagonistes et, ainsi, de la mangaka. Les révélations se suivent et se contredisent jusqu’à la finalité au point que le lecteur ne sait plus où placer sa confiance. Ses ressentis aussi se bousculent tantôt penchant vers l’empathie tantôt vers le dégout ou encore vers l’incompréhension. La volonté de Misaki Yazuki qui est que « les lecteurs soient happés par l’intrigue, qu’ils ressentent des émotions et qu’ils aient une envie irrépressible de lire la suite » est donc remplie et ce avec talent malgré les éternelles onomatopées propre au manga légèrement agaçante car en surnombre (huf, ah, etc.).
Dans ce genre littéraire, avoir un récit palpitant est un bon départ, mais encore faut-il des illustrations à la hauteur pour le porter et retranscrire l’atmosphère adéquate. Hyaku Takara l’a compris et cela se ressent à travers ses dessins et son envie « de susciter des émotions à chaque case, qu’il s’agisse de tension ou d’euphorie ». Le regard et les postures des protagonistes sont expressives, retranscrivant à merveille le message porté par l’auteure. Un côté très réaliste ressort du travail de l’artiste, parfois au désarroi du lectorat selon la violence des scènes. L’ensemble est très esthétique.
Ce duo de créateurs offrent ainsi une très bonne série. Il faut cependant avoir le cœur bien accroché au vu de la violence des thèmes abordés : assassinat, femme battue, avortement forcé, etc. Le récit glaçant peut interpeller quant à la noirceur de l’âme humaine et est parsemé de protagonistes dérangés. Si Ryô est condamnable, l’entourage de la jeune fille ne l’est pas moins au regard de certains agissements et silences.
Ce manga se termine par une scène percutante et entêtante, parfaite pour conclure un tel récit et laisser une trace dans l’esprit du lecteur.

Monsieur Livres & ratures apprécie le format de la série à savoir une finalité en 2 tomes. Bien qu’aimant ce genre littéraire, il se lasse des sagas à rallonge allant parfois jusqu’à interrompre leur lecture en cours de route. Il affectionne également le fait que la fin en soit une vraie sans qu’un doute persiste. Pour cela, il trouve le texte bien pensé car l’ensemble des interrogations soulevées trouvent une explication. De plus, l’auteure, à l’aide de son écriture, soulève un sentiment de peine pour Nana, protagoniste principale, tandis qu’un détachement se crée envers d’autres personnages résultant de leur personnalité mise en avant. Malgré ce caractère réfléchi du manga, certains éléments semblent un peu gros pour être crédibles surtout dans un pays comme le Japon.
Contrairement à mon avis, Monsieur Livres & ratures comprend le silence de l’entourage compte tenu de la zone géographique. Au pays du soleil levant, on ne se mêle pas des affaires des autres.
L’illustrateur offre des dessins travaillés en accord avec le texte. L’ensemble est agréable.
Une série qui, à l’entame, a eu raison de lui, le poussant à formuler de fausses théories suite à l’intrigue mise en place par l’auteure.

Citations : – « Mais en le voyant s’énerver comme ça, contre la fille… Je me suis dit qu’il devait avoir des problèmes dans sa vie. Il a peut-être accumulé trop de choses en lui pour pouvoir contenir sa colère. »

– « Un meurtre, c’est l’enfer aussi bien pour la victime que pour l’agresseur. […] Les victimes peuvent trouver un semblant d’apaisement dans l’au-delà en pardonnant leur agresseur. En revanche… le tueur n’a aucun moyen d’échapper à son enfer… et c’est dans ce sens-là que c’est peut-être plus dur pour lui. »

– « Chaque acte a une raison. »

Références : Mon mari dort dans le congélateur 1 & 2 / Misaki Yazuki ; Hyaku Takara (Akata)

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