Le passeur

Une affiche au CDI de mon lieu de travail a attiré mon regard : le Prix des lycéens (Folio) dont le gagnant, pour l’édition 2022-2023, est Le passeur de Stéphanie COSTE. J’ai eu envie de découvrir ce récit qui a eu la préférence des élèves participants.
Même si je comprends que ce roman puisse plaire, je n’ai pas été convaincue par l’angle choisi par l’auteure pour traiter du sujet. Le choix du narrateur m’a laissé perplexe.

Résumé : À trente ans, Seyoum est devenu l’un des plus gros passeurs de la côte libyenne. Chaque jour, il remplit des embarcations de plus en plus précaires de désespérés qui veulent rejoindre l’Italie. Mais Seyoum, pris en étau entre les gardes-côtes corrompus et la concurrence féroce d’autres passeurs tout aussi cruels que lui, sait que ses jours sont comptés. C’est alors que, parmi les derniers candidats à la traversée, il croit apercevoir Mahida.
Dix ans plus tôt, Seyoum était encore capable d’aimer. Comment a-t-il perdu toute humanité ? Est-il encore temps de sauver quelque chose ?
(Gallimard)

Avis : Ce roman se lit facilement et rapidement. Les pages s’amenuisent sans que le lecteur ne s’en rende compte, plongé qu’il est dans de courts chapitres alternant passé et présent.
Le sujet joue un rôle primordial dans l’intérêt du lectorat. Il est important de parler des migrants et de leur traversée maritime suicidaire dans l’espoir de gagner une autre rive synonyme d’espoir. Il l’est encore plus de mettre en évidence le manque d’humanité dont font preuve à leur égard les passeurs et autres intermédiaires gagnant de l’argent sur leur dos.
Là où le liseur est perplexe, c’est quant au choix de l’auteure de faire vivre une de ces traversées à travers les yeux de Seyoum, un passeur sans scrupule. Ce dernier traite les émigrés comme de la marchandise et non comme des êtres humains.
Narrateur du récit, ce dernier tourne donc autour de lui et de son histoire personnelle. Il est dès lors difficile pour le lectorat de suivre un personnage tel que lui tout au long de sa lecture. Il reste froid, distant face à cet homme d’une telle cruauté. Les évènements de son passé difficile, survolés, ne permettent pas d’équilibrer la balance. De plus, sa vie et ses souvenirs prennent le pas sur la thématique initiale. Ce n’est pas ce à quoi le lecteur s’attend en ouvrant cet ouvrage qui se termine sans réellement répondre aux questions du résumé et sans qu’un message clair ni qu’une réelle prise de conscience ne s’en dégagent.
Les dernières lignes, tel un sursaut, mettent cependant en garde : personne n’est à l’abri d’une trahison et cette dernière vient souvent d’une personne qui inspire toute confiance.

Référence : Le passeur / Stéphanie Coste (Gallimard ; Folio : 7047)

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