Contes de ma mère l’Oye

Souvenez-vous, la lecture de L’apprenti conteur (voir ici) m’avait donné envie de lire les Contes de ma mère l’Oye de PERRAULT. C’est désormais chose faite. Et, malgré quelques réserves, je suis satisfaite d’avoir pris le temps de relire la véritable version de contes connus ainsi que de découvrir des récits jusqu’alors inconnus de ma personne comme Les fées ou Les souhaits ridicules. Ce recueil contient également des textes dont le titre me parlait, mais le contenu moins. Bref, de quoi assouvir ma curiosité.

Présentation : Recueil des contes de Perrault rassemblant La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe bleue, Le Maître Chat ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, Riquet à la houppe, Le Petit Poucet, Griselidis, Peau d’Âne et Les Souhaits ridicules.
Ces textes sont répartis en deux parties distinctes dont la première comprend les histoires du temps passé avec des Moralités et dont la seconde regroupe les contes en vers.

Avis : Avant de parler du contenu de cet ouvrage, la présentation est à saluer. Pour un budget minimaliste de 2€, le lecteur découvre un recueil bien fourni dont la couverture est engageante et, caractéristique importante, le papier est épais et de qualité. Point de transparence où les caractères des pages suivantes se superposent à ceux en cours de lecture. Cela est appréciable pour le confort des yeux.
Concernant la découverte des contes de Perrault, celle-ci peut s’avérer laborieuse car les textes sont en vieux français. Il en résulte un phrasé complexe voire, quelquefois, inintelligible (ex. : Le Roi ne laissa pas d’en être fâché). De plus, le recueil s’ouvre sur La Belle au bois dormant dont la compréhension de la langue est particulièrement difficile et dont le récit, loin d’être le meilleur, se veut brumeux tant dans le contenu que dans la moralité. Heureusement, les autres contes sont plus accessibles et plus attrayants. Une fois la difficulté de l’entame passée, le liseur prend enfin plaisir à découvrir ce classique et se délecte d’une traite de l’ensemble du recueil. Il s’interroge toutefois sur quelques incohérences dans les moralités soulevées par les écrits comme dans Le Petit Chaperon rouge où l’auteur sous-entend que le risque encourut n’est valable que pour les jeunes filles belles, bien faites et gentilles ou encore dans La Barbe bleue qui dénonce la curiosité mais dont l’héroïne a tout gagné à en user.
L’image de la femme que renferment ces textes est assez désobligeante et dégradante. La pire exploitation de cette observation se fait dans Griselidis qui, en plus de faire grincer des dents de part son fond et des phrases telles « Je suis convaincu que dans le mariage on ne peut jamais vivre heureux, quand on y commande tous deux ; si donc vous souhaitez qu’à l’hymen je m’engage, cherchez une jeune beauté sans orgueil et sans vanité, d’une obéissance achevée, d’une patience éprouvée, et qui n’ait point de volonté… » , donne envie de secouer l’héroïne pour lui remettre les idées en place. L’apothéose est dans la moralité que l’écrivain a voulu transmettre, à savoir porter les femmes à souffrir de leur mari car il n’y en a point de si brutal ni de si bizarre dont la patience d’une honnête femme ne puisse venir à bout.
Malgré ces réserves résultant de l’époque de ces écrits, la lecture de ce recueil est agréable et enrichissante. Il est bon, suite aux nombreuses réécritures de ces contes, de se rappeler de leur origine et d’en savourer la version non édulcorée.

Citations :
La Barbe bleue :
« La curiosité malgré tous ses attraits,
Coûte souvent bien des regrets. »

Les Fées :
« Les Diamants et les Pistoles
Peuvent beaucoup sur les Esprits ;
Cependant les douces paroles
Ont encor plus de force, et sont d’un plus grand prix. »

Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre :
« C’est sans doute un grand avantage,
D’avoir de l’esprit, du courage,
De la naissance, du bon sens,
Et d’autres semblables talents,
Qu’on reçoit du Ciel en partage ;
Mais vous aurez beau les avoir,
Pour votre avancement ce seront choses vaines,
Si vous n’avez, pour les faire valoir,
Ou des parrains ou des marraines. »

Préface des contes en vers :
« […] les hommes ne connaissent pas ce qu’il leur convient, et sont plus heureux d’être conduits par la Providence que si toutes choses leur succédaient selon qu’ils le désirent. »

Référence : Contes de ma mère l’Oye / Perrault (Flammarion ; Librio : 32)

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