Jonas dans le ventre de la nuit

Au travail, j’ai découvert ce titre d’Alexandre CHARDIN dont je n’avais jamais entendu parlé malgré mon intérêt pour l’auteur. C’est donc avec joie que j’ai entamé cette lecture d’autant qu’il s’agit d’un semblant de road trip, caractéristique que j’affectionne dans la littérature.
Ce roman se lit très rapidement de par son format. En effet, les chapitres très courts facilitent le rythme de lecture car leur taille engage le liseur à s’engager pour une partie supplémentaire et encore une jusqu’à ce que les pages restantes s’amenuisent et que le livre se termine. C’est ingénieux et cela colle parfaitement au récit qui dure une seule nuit. L’intrigue est rapide, mais profonde. Un beau roman qui flirte avec une certaine simplicité.

Résumé : Jonas vit auprès de Mireille, sa famille d’accueil depuis qu’il a du être séparé de sa mère. La maison voisine abrite Sorgo, l’âne de monsieur Claude, que Jonas affectionne beaucoup. Un soir, le garçon est témoin d’une scène insoutenable : le vieil homme force son animal à entrer dans un camion. Sorgo est terrorisé et hurle. Jonas ne peut en supporter davantage, surtout lorsqu’il apprend la destination finale du véhicule : l’abattoir. Sans réfléchir, il sort de chez lui, attrape la corde de l’âne et s’enfuit avec lui dans la nuit. Sur leur route, les deux compères rencontrent Aloïse, camarade de classe de Jonas et celui-ci se joint à leur périple. Ils marchent, ensemble, mais vers quel but ?

Avis : Tout comme Jonas dans l’Ancien Testament qui, après 3 jours passés dans le ventre d’une baleine, connaît une transformation profonde, le protagoniste de ce roman évolue en un laps de temps très court puisqu’il s’agit d’une nuitée. Une nuit au cœur de l’obscurité qui permet les confidences et confessions, plus difficiles à livrer en plein jour. Jonas et Aloïse profitent ainsi de ce délai pour parler de choses qui, d’habitude, restent bloquées au fond de la gorge. Avec sincérité, les deux personnages offrent au lecteur de grandes réflexions reflétant la gravité qui les habite malgré leur jeune âge. Le liseur est attendri par ces enfants dont l’innocence a laissé place à des constatations percutantes qui portent sur de nombreux sujets non moins saisissants : relation parent-enfant, handicap, famille d’accueil, harcèlement scolaire, etc. Non-dits douloureux, suppositions et aveux intimes amènent les protagonistes à grandir rapidement et à prendre certaines décisions qui changeront le cours de leur existence. Cela crée également une belle amitié entre ces deux personnes étrangères l’une à l’autre malgré qu’ils soient dans la même classe.
Ce livre est une ode à la nuit et à la nature. Parsemé de belles descriptions, il rend hommage au paysage couvert de neige de manière juste et poétique. L’auteur use de différentes teintes au fur et à mesure de l’évolution du temps nocturne. Celles-ci semblent jouer sur la rétine du lecteur qui voit apparaître les couleurs en même temps que le texte.
Alexandre Chardin prône également le surpassement de soi : aller au-delà de ses peurs pour avancer et évoluer. Faire face à ses craintes pour les vaincre. Une belle leçon de courage et d’audace.
Un court roman porteur de réflexions mené par deux personnages foncièrement bons et humains.

Citations : – « […] tout être vivant est capable de dépasser ses propres limites pour continuer de vivre. »

– « Vous ne voulez pas seulement voir la surface du monde, vous voulez sa magie, ses trésors. Alors vous creusez, quitte à vous éloigner parfois des autres. Mais on peut creuser à deux… »

– « Je n’aime pas les verbes au futur, Jonas, ni les grandes promesses solennelles. Elles font pleurer et s’effacent dans le vent du présent. »

Référence : Jonas dans le ventre de la nuit / Alexandre Chardin (T. Magnier)

Erreur à notifier : Sur la quatrième de couverture, Aloïse est orthographié comme suit : Aloyse. Or, dans le roman, le prénom est écrit tel que dans mon article.

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