Enig Marcheur

Enig Marcheur de Russell HOBAN ou comment lire un livre dans une langue inventée, créée et travaillée pour lui. Cela offre une expérience originale, étrange, qui peut être intéressante mais pas nécessairement agréable.
Un défi pour l’amatrice de belles écritures que je suis !

Résumé : Dans un futur lointain, après le Grand Boum, les hommes sont revenus à l’âge de fer où leur vie est sans cesse menacée par les chiens tueurs et les clans rivaux. Leur langage est un patois qui s’inspire des souvenirs du passé et leur quotidien est régi par l’ignorance, la peur et les superstitions. C’est dans ce décor post-apocalyptique qu’Enig Marcheur, orphelin de 12 ans, commence à mettre par écrit ses aventures en terres hostiles à la recherche de la vérité. Ses pas vont le conduire dans ceux des anciens hommes, responsables du « Sale Temps ».

Avis : L’édition de cet ouvrage offerte par Monsieur Toussaint Louverture est une petite merveille artistique. La jaquette en fait toute la beauté. D’habitude, avec cette maison d’édition, l’intérieur est aussi prometteur que l’extérieur. Le lecteur ne se méfie donc pas et plonge en toute confiance dans la lecture de ce roman. Et là, il est déstabilisé en découvrant une écriture déconcertante qu’il lui faudra dompter pour lire l’entièreté du récit. Les débuts sont difficiles, le liseur a envie de baisser les bras. Il persiste pourtant et se rend compte, au fur et à mesure, qu’il s’habitue à ce drôle de langage et que la découverte devient plus fluide (malgré quelques mots qui restent incompris). Il découvre ainsi des termes revenant régulièrement comme « main tenant », « mort sot », « pyèr ». Il se surprend même à apprécier certains d’entre eux tel « seulitaire ». Cependant, la trame reste énigmatique, laborieuse. Elle est ponctuée de dialogues pesants construits de la manière suivante :
– je dis : …
– il dit : …
– je dis : …
– il dit : …
C’est une lecture qui fatigue et demande persévérance et courage. Au début, elle déroute. Ensuite, elle amuse. Mais elle finit par lasser.
Seront salués toutefois le travail effectué par l’auteur pour la création de ce roman et celui du traducteur qui a d’ailleurs reçu le Prix Maurice-Edgar Coindreau de la traduction.

Citations : « […] en ralité je voudré que chac chose se gnifie just une chose et garde tout jour le meum sens et chanj pas toul tant. »

« Ce qui est trop rible cest just de çavoir quil y a de loreur en chac chose. Loreur attend. »

« […] caisse que la tairre si ce né de la mort avec de la vie qui en sort ? »

Référence : Enig Marcheur / Russell Hoban (Monsieur Toussaint Louverture ; Les grands animaux)

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer